Le monde vidéo-ludique et des productions audio-visuelles de tous types est le berceau d'une violence bien affichée. On tue, étripe, éventre, éparpille à tout va autour d'un scénario souvent des plus poussif et calibré. Rien de bien nouveau sous le soleil.
Les consommateurs que nous sommes de ce type de produits y trouvons bien inconsciemment une catharsis de notre propre animalité.

Nous nous courbons d'une révérence indue devant elle à chaque giclée de sang, devant quelques blessures béantes que nous apercevons. Nous laissons notre imaginaire projeter avec une absence de remords les visages meurtris de nos bourreaux, chefs abusifs, patrons autoritaires, parents, etc. dans ces images fictionnelles. Nous laissons courir dans nos veines cette douce violence fictive.

Le rapport à la réalité de cette forme de représentation de la violence est pourtant extrêmement faussé. Pour des questions de rythme et de conventions des représentations de la violence et mort dans des œuvres de fiction, aucune de ces morts ou actes violents ne se rapproche un tant soit peu de la réalité. Elles restent un fantasme souvent édulcoré et aseptisé.
Car si nous aimons la violence fictionnelle, nous l'aimons surtout quand elle cache ses douleureuses conséquences : la souffrance. Même dans les films de genre, les choix de représentation de cette souffrance est irréaliste: caméra qui se détourne, coupure de la durée des actes, etc. De vrais professionnels des méthodes de distanciation du déplaisir. Comme quoi, si nous aimons, certes, la violence, il existe toute une série de degrés qui l'éloigne du réel dans les représentations que nous créons.

Le premier de ces degrés est l'exagération de sa représentation. En la rendant caricaturale, elle agît comme un vaccin et le spectateur finît immunisé.

Le second de ces degrés est le déplacement de la représentation. En l'insérant dans un espace fantasmagorique qui ne peut se rattacher en aucune manière à une quelconque expérience du réel, elle se met à distance de son spectateur.

Le troisième de ces degrés est l'ellipse de sa représentation. Rien de bien innovant sur ce procédé, il crée de facto une distanciation en laissant le soin au spectateur de l'imaginer dans ses plus glorieux détails.

Le quatrième de ces degrés est l'humour, ou plus exactement le ridicule. Le spectateur finît par rire ou sourire d'elle en la dotant d'une mécanique du rire, au sens de Bergson.

Espérons que vous ne regarderez plus comme avant vos "torture porns" préférés ;-)